Le Real Madrid est le dernier bastion d’un modèle qui n’existe plus. Depuis le départ de Cristiano Ronaldo à Al-Nassr en janvier 2023, le football saoudien s’est engagé dans une stratégie de développement agressive. Un chiffre donne le tournis : près de 2 milliards d’euros ont été investis en transferts en seulement deux mercatos.
Les contrats proposés à des stars européennes sont hors normes. L’ambition saoudienne est de rivaliser avec les plus grands championnats du continent. L’objectif est de s’implanter au sommet du football mondial d’ici à 2030, avec l’appui massif du Fonds public d’investissement saoudien (PIF) rapporte MARCA.
Rapidement, les clubs les plus puissants ont vu leurs cadres s’envoler pour Riyad, Djeddah ou Dammam. Le Paris Saint-Germain a laissé partir Neymar pour 90 millions d’euros, Manchester City a laissé partir Mahrez, Laporte et Cancelo, tandis que Chelsea, en quête de renouveau, a transféré trois joueurs : Kanté, Koulibaly, et Mendy.
Un Real Madrid seul contre tous
Au milieu de ce vaste exode, le Real Madrid fait figure d’exception. Depuis deux saisons, aucun joueur sous contrat n’a rejoint un club saoudien. Ni vente, ni transaction, ni compromis. Le club merengue n’est cependant pas hermétique aux avances répétées venues du golfe. Des joueurs comme Vinícius Júnior, Rodrygo Goes ou Éder Militão ont tous suscité l’intérêt de formations saoudiennes insiste MARCA.
Les montants évoqués auraient pu battre des records. Mais ni le club, ni les joueurs n’ont semblé disposés à entrer en négociation. Porter le maillot du Real Madrid reste un privilège que l’argent ne suffit pas à racheter. Cette position n’a rien d’anodin. Elle vise à protéger la valeur sportive du projet, refuser de participer à l’inflation du marché, et préserver le prestige d’un club qui se considère comme au sommet de la pyramide mondiale.
Des départs libres, mais symboliques de l’attractivité de la Saudi pro ligue
Deux anciens joueurs majeurs du Real ont toutefois rejoint la Saudi Pro League, mais dans des contextes très différents. Karim Benzema, capitaine emblématique et Ballon d’Or 2022, a quitté Madrid librement à l’issue de son contrat pour signer à Al-Ittihad. Une décision personnelle, après quatorze saisons passées sous les couleurs blanches.
Un an plus tard, c’est Nacho Fernández, autre cadre historique du vestiaire, qui a rejoint Al-Qadisiyah. Là encore, il s’agissait d’un départ sans indemnité de transfert, après la fin de son contrat. L’un comme l’autre ont donc cédé à l’appel du golfe à titre individuel, sans que le Real Madrid n’en tire un quelconque bénéfice financier.
Une posture stratégique du Real Madrid
Dans cet environnement saturé par l’influence saoudienne, l’attitude du Real Madrid fait figure d’exception. Aucun joueur vendu, un effectif soudé, et une hiérarchie qui, pour l’heure, refuse de jouer le jeu.
Une stratégie qui s’inscrit dans la continuité d’une politique sportive claire, celle de préserver l’identité du club, maintenir un niveau d’exigence maximal et refuser de céder aux fluctuations du marché. Un choix rare, presque idéologique, à l’heure où le football européen devient un terrain de chasse pour les fonds du Moyen-Orient.
Djamel Bennacer